Hommage à la Professeure Anne Moncla

Nous avons appris avec une très grande tristesse le décès de la Professeure Anne Moncla, membre du Conseil Médical et Scientifique de l’AFSA, en juillet dernier à l’âge de 59 ans, des suites d’une longue maladie.

 

Nous sommes très attristés de perdre une telle femme d’exception pour l’AFSA. Le Conseil d’Administration et le Conseil Médical et Scientifique de l’AFSA adressent à la famille d’Anne Moncla ses plus sincères condoléances. 

 

Vous pouvez découvrir deux très beaux témoignages en son hommage :

 

Témoignage de la Pr Martine Doco, au nom du CA de l’ACLF, avec la Dr Perrine Malzac, PH du service de Génétique et Espace Ethique à Marseille, et Marie-Odile Livet :

 

Chers amis,

 

C’est avec une grande émotion que je vous annonce le décès de notre collègue et amie le Pr Anne Moncla. Anne est décédée la dernière semaine de juillet à l’âge de 59 ans, brutalement à la suite d’une grave et douloureuse maladie. Elle a été inhumée dans la plus stricte intimité.

 

Anne a fait ses études de médecine à Bordeaux. Pédiatre de formation, et après plusieurs années d’exercice aux côtés du Professeur Francis Giraud puis du Professeur Jean-François Mattei, elle a été nommée PU-PH (Professeur des Universités – Praticien Hospitalier) en 1998 dans le Département de Génétique Médicale à Marseille où elle a exercé ses fonctions de généticienne clinicienne et de cytogénéticienne.

 

Alliant de rares qualités d'enthousiasme et de générosité à d'authentiques compétences cliniques et biologiques, elle a largement contribué aux progrès des connaissances en génétique ainsi qu’à un enseignement de qualité, tout en restant très proche des patients.

 

Elle avait une expertise reconnue en Syndromologie et Dysmorphologie dans le domaine de la déficience intellectuelle, des Troubles Envahissants du Développement (TED) et de la pathologie malformative de l’enfant et de l’adulte. En particulier, elle a beaucoup travaillé à propos des syndromes de Prader Willi et d’Angelman, sur le chromosome 15.

 

Anne était une très brillante enseignante qui savait transmettre son expérience à ses étudiants et stagiaires.

 

Elle a toujours eu à cœur de travailler au service des patients et de leurs familles. Ainsi elle a contribué à la création du conseil scientifique de l’association pour le syndrome d’Angelman et elle était membre du conseil scientifique de l’association pour le syndrome de Rett.

 

Elle a été présidente de l’ACLF (Association des Cytogénéticiens de Langue Française) de 2005 à 2009, puis membre du CA jusque 2018. Elle a été membre fondateur et secrétaire de la FFGH (Fédération Française de Génétique Humaine) de 2008 à 2018. Ayant une expérience de renommée internationale, elle faisait aussi partie de sociétés savantes européennes et américaines en génétique et cytogénétique : ESHG (European Society of Human Genetics), ECA (European Cytogeneticists Association), ASHG (American Society of Human Genetics).

 

Impliquée aussi dans l’organisation de la spécialité de Génétique Médicale, Anne a été membre expert de plusieurs commissions auprès de structures administratives nationales et du Ministère : la DGOS (Direction générale de l’offre de soin), la DGS (Direction générale de la santé), l’ABM (Agence de la biomédecine), le CNU (Conseil national des universités) (sous-section 47-04 : génétique) entre autres…

 

Curieuse de tout, elle s'était aussi intéressée à l'histoire de la génétique.

 

Après de nombreuses années en région PACA, Anne avait obtenu en septembre dernier un poste dans le service de pédopsychiatrie de Brest avec un projet original autour de la génétique de l’autisme.

 

Nous adressons à sa famille nos plus sincères condoléances.

 

 

Anne Moncla au centre avec Marie-Geneviève Mattei à gauche et Marie-Antoinette Voeckel à droite, lors du congrès de l'ACLF qu'elle avait organisé avec l'équipe de Marseille à Aix en Provence en 2010.

 

 

Témoignage de Marie-Odile Livet, membre du Conseil Médical et Scientifique de l’AFSA :

 

Anne nous a quittés bien trop tôt, ce 30 juillet 2020, à 59 ans après une douloureuse maladie.

 

C’est avec beaucoup d’émotion et une grande tristesse que j’ai tenu à m’associer aux hommages qui lui sont faits. Je voudrais rappeler pour les « jeunes parents » les travaux scientifiques qu’elle a réalisés sur le Syndrome d’Angelman (SA), dès la découverte de ce syndrome rare à la fin des années 80, ainsi que son implication constante auprès des familles, depuis sa contribution à la création de l’AFSA en 1992 ! Les parents plus anciens vont s’en souvenir.

 

J’étais neuropédiatre à la Timone à Marseille et à l’hôpital d’Aix lorsqu’Anne est arrivée dans le service de Génétique de la Timone. Elle y a fait une carrière rapide : thèse en 1988, nomination comme PU-PH (Professeur des Universités – Praticien Hospitalier) en 1998… Elle travaillait beaucoup : responsable du laboratoire de Cytogénétique et consultante en génétique clinique. On remarquait son intelligence brillante et rapide, j’appréciais sa vivacité joyeuse, sa créativité et son énergie. Nous nous adressions l’une à l’autre nos patients atteints du SA, que nous repérions de mieux en mieux, avec assez vite un grand nombre de cas diagnostiqués… et pour chacun d’eux des échanges et discussions souvent passionnées.

 

C’est ainsi qu’Anne a été à l’origine d’articles et communications en France pour faire connaitre les signes du SA, ainsi que de publications internationales sur les différentes anomalies génétiques, et leurs corrélations avec la clinique. C’est bien connu maintenant, mais il a fallu le démontrer. En 1998, elle a envoyé son assistante, le Docteur Perrine Malzac, à Boston, aux USA, dans l’équipe du Professeur Wagstaff, pour étudier les mutation d’UBE3A, avec les prélèvements de nos patients, 5 familles… un an à peine après la découverte du gène ! Cette publication remarquée a contribué à une meilleure connaissance du gène et de son mode de transmission lié à l’empreinte parentale.

 

L’expertise d’Anne sur le SA a été reconnue sur le plan international, elle a été invitée à participer à la 2° Conférence de Consensus « for diagnostic criteria » en 2005, aux côtés des grands noms du SA : Williams, Baudet, Clayton Smith, Wagstaff, Lalande…

 

Dès nos premières rencontres avec les enfants Angelman, nous étions, avec Anne, très préoccupées par leur difficile prise en charge et par le soutien à apporter à leurs familles. C’est ainsi que nous avons participé tout naturellement, ensemble, à la création de l’AFSA en 1992. Elle s’est faite lors de la réunion toute simple et chaleureuse, dans la région de Digne, d’une dizaine de parents autour de Blaise et Donna Jankowski, parents de Noémie… Anne est restée un membre  actif du CMS (Conseil Médical et Scientifique) et a participé à la plupart des réunions de l’association, pour laquelle elle était très engagée.

 

Le travail avec Anne sur le SA et bien d’autres situations s’est poursuivi de façon toujours active et positive jusqu’à ma retraite en 2010. Notre amitié a continué au-delà, je garde le souvenir de cette belle rencontre avec Anne, un médecin et une personne d’exception, et de la collaboration stimulante et enrichissante qu’elle m’a permis d’avoir avec elle.

L’AFSA et les familles touchées par le syndrome d’Angelman ont besoin de vous. Afin de les aider, plusieurs moyens sont à votre disposition

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