Cahier de route de Philippe sur l’Oman Marathon du Désert 2018

Du 16 au 24 novembre dernier, Philippe a participé à l’Oman Marathon du désert pour Louis, porteur du syndrome d’Angelman et pour l’AFSA.

Une expérience hors du commun !! Il nous raconte ci-dessous les raisons qui l’ont poussé à participer à cette course ainsi que les bonheurs et les obstacles rencontrés pendant ces 7 jours de courses.

Un très grand merci et un immense bravo à lui !

« En novembre 2017, pendant le vol en direction d’Athènes pour le marathon je lis le livre "Ultratrails du désert" de Guy Giaoui et de Foued Berahou et ce livre m'incite à m'inscrire en décembre 2017 pour la course d'Oman Désert Marathon en novembre 2018. Cette course consiste à ce qu’une centaine de coureurs de 23 pays se rassemblent pour participer à une aventure unique à couper le souffle dans le plus grand désert du monde à Oman.
Le Marathon du Désert d'Oman est une course de 167 km qui nécessite que chaque coureur soit totalement autonome. "Les coureurs se concentrent sur l'essentiel d’une véritable «expérience du désert» . Une expérience physique, émotionnelle et spirituelle de toute une vie. Le parcours commence de l'oasis Alwasil de Bidiyah et se termine sur le rivage de la mer d'Oman. Six étapes et six perspectives différentes : les sables rouges, dorés et blancs rendent ce voyage unique et toujours différent, dans un scénario qui ne connaît pas la monotonie. Les six étapes de la course mènent les coureurs à travers des kilomètres de dunes de sable, de palmeraies, de hameaux et de villages aux formes et tailles surprenantes. Nous passons devant des tribus semi-nomades qui suivent encore la route de la soie à travers le désert d’Oman. Nous terminons la course avec une explosion d’émotions à notre arrivée au bord de la mer d’Arabie. Il y a une scène de nuit où les coureurs émerveillés sont inspirés par le silence, la solitude et le mysticisme du désert, illuminés seulement par le scintillement de millions d'étoiles." extrait du livre. 
Il me reste à planifier ma préparation physique, alimentaire, équipement, et mentalement. Et surtout de l'intégrer dans ma vie de tous les jours ( familiale et professionnelle ).  

 

Carnet de route :


Arrivé à Oman et après un parcours en car et ensuite en 4x4 nous rejoignons le camp de base qui servira pour le départ de la course et pour la fin de notre séjour. J'ai la chance de partager la tente avec Rachid et Mohamed Elmorabity les deux champions du monde des courses dans le désert. Un vrai moment de partage et d'admiration. Je fais alors la connaissance du reste de l'équipe française avec laquelle je vais partager la tente pendant tout le reste de la course quelle équipe !!

Ça y est la première course arrive enfin, après près d'un an de préparation, à 6h du mat c'est parti pour 25 km pour une découverte avec le sable d'Oman fin et instable, je perds mes appuis et les pieds ayant gonflé mes orteils touchent les plis en bout de chaussures je sais que cela ne va pas être simple. L'objectif affiché est de finir la course tant pis pour les performances je passe un bon moment en compagnie de Stark Kimberley une canadienne super régulière dans sa foulée et nous allons discuter un peu tout en faisant la connaissance de nos premiers dromadaires. La course se termine bien ( 5hrs et 62éme sur une centaine de coureurs), nous allons rejoindre en 4x4 notre tente et donc l'équipe française.
Les échanges sont multiples... compétitions, professionnels et personnels. Cela restera entre nous pour toujours et crée vraiment un lien fort et espérons qu'une chose, nous revoir c'est une évidence.

 

Le réveil à 4h30, premier petit déjeuner , rapidement on se prépare de peur d'être en retard pour le départ de la 2ème course de 20 kilomètres. Course plus rapide je subis l’instabilité du sable et donc le remous de mes orteils dans les chaussures et le sang arrive sous les ongles , des dunes qui me posent problème. Mon rythme cardiaque qui accélère trop vite et je m'engueule car j'imagine le pire (la possibilité d'abandonner). J'arrive en 4 heures et 59éme. Le camp n'est pas monté, le soleil tape vraiment fort plus de 40°, pas de vent, on ne peut pas prendre de douche notre ami le guinéen malheureusement abandonne (sur une centaine de coureurs 91 finiront la compétition). L'ambiance y est excellente. Mes premiers pansements aux orteils, et j'attaque la 3éme course 26 kilomètres (58 éme, 5h27) je commence à comprendre le sable, comment retrouver un bon appui , reconnaître le relief du sable afin de savoir s'il va être plus ou moins dur sous les pieds, comment anticiper la montée des dunes, ça se passe mieux, ce qui n'est pas le cas de tout le monde puisque certains vont subir le fameux "coup de chaud" : perte de force, vomissements etc... mais la plupart des coureurs sont des ultra trailers et savent comment bien récupérer pour repartir le lendemain plus ou moins frais. Souvent les coureurs diront que si la course d'Oman possédait une "longue" de 80 km au lieu des 42 km, celle-ci serait vraiment plus difficile que le Marathon Des Sables.

Pendant la 4éme course, j'arrive à perdre moins de temps au relais des 10km ( tous les 10 kilomètres, nous pouvons récupérer de l'eau) cela signifie qu'il faut savoir gérer notre eau et notre alimentation pour les 10 kilomètres suivants. Au bout de 27 km, je passe la ligne d'arrivée main dans la main avec Jens et notre "porte-bonheur" notre drapeau français que Jens porte avec fierté après 5hrs de course et 54éme au classement).

La 5ème  course c'est le marathon 42.300 km, vu la distance de prédilection pour moi je souhaite accélérer ... un peu ... je réduis la longueur de ma foulée, j'augmente la cadence de ma foulée et retrouve des appuis plus intéressants . L'éclairage de ma frontale est suffisant, la fraîcheur toute relative fait du bien, nos ami(e)s podologues en voiture sont nos premiers supporteurs. Le mental est fort ! on pense aux mails que l'on reçoit le soir. Je pense à Louis, à l’AFSA, j'hurle dans le désert cela fait du bien et je cours avec une énergie d'enfer, seule déception les nuages cachent les étoiles ... dommage. J'arrive en 7h30 et me classe 50éme. Cette étape va laisser des traces pour certains. Il faut prévoir que nous ne pourrons pas nous laver, vu l'humidité ambiante, les vêtements ne pourront pas sécher. Il faut manger rapidement et dormir car la nuit va être courte.

La 6éme et dernière étape, a été pour moi la plus usante , dur non, mais vraiment usante, remettre les vêtements de la veille non lavés et encore mouillés, la fatigue s'accumule, et je dois monter 16 dunes semblables au minimum à la dune du Pillat et le cœur bat vraiment très fort + 40° Si je m’arrête de monter, le sable me recouvre aussitôt les pieds et c'est encore plus difficile de repartir sous un soleil de plomb, parfois tu dois les monter à "4 pattes". La seule motivation, le vent est présent en haut des dunes. et enfin l 'arrivée face à la mer d’Oman. Le bonheur de pouvoir se baigner dedans malgré les orteils qui piquent. Face à l'horizon les larmes coulent discrètement, pas de la tristesse... je pense de joie le fait d'avoir accompli cette course. elle fut merveilleuse et peut être un de peu de tristesse car c'est une fin. La fin de 10 mois de préparation pour une semaine de souffrance.... non, de bonheur partagé et à partager. On retourne deux fois au repas offert par l'organisation. Tout le monde applaudit les derniers et nous retournons prendre le bus et les 4x4. Que cela paraît long avec la fatigue, on retrouve le camp, la tente avec les 2 champions. Le lendemain, direction une oasis, on récupère, cela fait du bien. l'organisation nous offre une dernière course de 4x4 dans le désert avant la remise des trophées. On sent que notre expérience arrive à sa fin.

Dernière levée a 3h30 pour ne pas louper le bus qui va nous amener à l'aéroport. Ça y est, c'est fini !

Lors de la course, j'ai discuté avec un anglais qui a eu un coup de chaud et qui m'a expliqué "happpiness is not the absence of problems but the ability to deal with them" Le bonheur ce n'est pas l'absence de problème, mais la capacité d'y faire face...pas mal ! Vivement les prochaines courses en 2019. »

 

 

L’AFSA et les familles touchées par le syndrome d’Angelman ont besoin de vous. Afin de les aider, plusieurs moyens sont à votre disposition

Nous Soutenir